Soutenance de thèse réussie pour Lynda Hubert Ta

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Paule Halley (à gauche), Lynda Hubert Ta (au centre), Sylvio Normand (à droite).

 C’est avec beaucoup de plaisir que nous souhaitons vous informer que le 1er octobre 2021, Lynda Hubert Ta a soutenu avec brio sa thèse intitulée L’obligation de protéger la biodiversité in situ et sa mise en œuvre. Perspectives malgaches dans un contexte de développement minier. Ayant reçu à l’unanimité des membres du jury la mention « Excellente », Lynda figurera au Tableau d’honneur de la FESP cette année.

Au cours des dernières années, Lynda a été très active dans le milieu académique, notamment dans les activités de la CRCDE. Elle a collaboré à plusieurs travaux de recherche dont l’Évaluation environnementale stratégique sur les gaz de schiste, la synthèse des connaissances sur le droit des forêts au Canada et la révision de la traduction des contributions de l’ouvrage L’environnement au tribunal, tout en présentant ses travaux de recherche à l’occasion de plusieurs conférences et publications.

Rappelons que Lynda est également titulaire d’une maîtrise en droit de l’Université Laval, d’un magistère en études juridiques du Centre national de télé-enseignement de Madagascar, ainsi que d’un DEA en population et développement et d’une maîtrise en économie et gestion de l’Université catholique de Madagascar.

Ses réalisations lui ont valu plusieurs prix et distinctions, dont la Bourse d’études supérieures du Canada Joseph-Armand-Bombardier et la Bourse du Fonds général pour les études supérieures, décernées par le Conseil de recherches en sciences humaines, la Bourse de doctorat de l’Institut Hydro-Québec en environnement, développement et société, la Bourse de rédaction de la Chaire de recherche et d’innovation Goldcorp en droit des ressources naturelles et de l’énergie, et la Bourse de rédaction de la Faculté de droit de l’Université Laval.

Depuis le mois de mai 2021, Lynda a entrepris de nouveaux défis. Elle occupe maintenant le poste de Conseillère en changements climatiques et environnement au Ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec.

Au nom de la professeure Paule Halley et de toute l’équipe du CRCDE, nous tenons à féliciter et remercier chaleureusement Lynda pour tous ses accomplissements et ses distinctions tout au long de son parcours et à lui souhaiter du succès dans ses nouvelles fonctions !

Résumé de la thèse soutenue le 1er octobre 2021

L'expansion à Madagascar du secteur minier n'est pas sans affecter les autres utilisations du territoire et de ses ressources, comme la protection in situ de la biodiversité. Dans ce pays reconnu comme hot spot de la biodiversité mondiale, la superposition et la proximité croissantes entre les espaces dédiés à cette protection et les activités minières questionnent la mise en œuvre par l'État de son obligation, issue de ses engagements internationaux, de protéger la biodiversité in situ dans un contexte où le développement du secteur minier industriel comme moteur de croissance a été favorisé depuis les années 1990. Cette thèse s'attache à analyser les implications d'un tel modèle et des stratégies associées, notamment des cadres règlementaires qui l'accompagnent, sur le droit national relatif à la protection in situ de la biodiversité ainsi que sur la mise en œuvre de l'obligation étatique qui en découle.

Elle a pour objectif d'examiner le rôle attendu de l'État malgache, censé assurer la protection in situ de la biodiversité sur son territoire, et de comprendre les transformations de ce rôle dans un contexte de développement minier. L'hypothèse avancée est qu'il existe une obligation de protection in situ de la biodiversité, à laquelle l'État malgache a tenté de répondre par l'adoption d'instruments juridiques nationaux mais que, compte tenu du cadre juridique du secteur minier et dans le contexte spécifique du développement de ce secteur, ce rôle évolue et fait craindre une protection insuffisante.

L'examen des principaux instruments de droit international en matière de protection in situ de la biodiversité, suivant une approche juridique positiviste, descriptive et explicative, permet d'établir l'existence d'une obligation étatique de protection in situ de la biodiversité et d'en préciser les composantes qui structurent le rôle attendu de l'État malgache. Avec cette mise en perspective, la thèse s'interroge sur les raisons juridiques permettant que des espaces riches en biodiversité, sensibles ou protégés puissent continuer d'être affectés par des activités minières aux impacts souvent importants.

En adoptant une perspective historique, la thèse examine par la suite le cadre normatif du secteur minier à Madagascar. Puis, à partir d'une analyse pluraliste et internormative des cadres normatifs de la protection in situ de la biodiversité et du secteur minier, elle cherche à saisir les raisons qui expliquent que le développement minier puisse affecter les espaces d'importance pour la biodiversité, malgré la protection offerte par le droit national et international en la matière. À travers l'analyse, elle met en lumière, une articulation entre ces cadres qui ne favorise pas une pleine prise en charge de cette protection par l'État malgache, dont les capacités à assumer son rôle et à mettre en œuvre son obligation sont limitées par divers facteurs. Au contact du régime minier, le rôle fort attendu de l'État se transforme et des décalages apparaissent entre son obligation théorique de protéger la biodiversité in situ, issue des instruments juridiques internationaux et transposée dans le droit national, et la mise en œuvre de cette obligation à Madagascar.

La thèse n'a pas pour objectif de recommander une réforme du droit, laquelle relève d'un choix éminemment politique, mais plutôt de mettre en évidence les faiblesses, les limites et les incohérences existantes dans les cadres juridiques nationaux régissant la protection in situ de la biodiversité en contexte de développement minier, ce qui constitue le premier pas dans le processus de leur résolution. En ce sens, elle vise à susciter une réflexion sur l'évolution du droit, ce qu'il pourrait être et sur les enjeux de durabilité dans ce domaine transversal ainsi que, plus généralement, sur les modèles de mise en valeur des ressources naturelles déployés à Madagascar depuis les années 1990.